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Xavier Camarasa
Fender Rhodes


Jean-Marc Foussat
Synthi AKS, voix jouets

Marc Maffiolo
saxophone baryton

 

extrait :

Profondément caché
Milieu de nuit
Passage découvert

 

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Jean-Marc Foussat Xavier Camarasa Marc Maffiolo Seuil de Feu Fou Records FRCD 58 https://www.fourecords.com/FR-CD58.htm
J’avoue ne pas parvenir à chroniquer tous les albums de Fou Records, le label de Jean-Marc Foussat, le fervent de l’électronique analogique « obsolète » (paraît-il). Il joue d’un vieux AKS des années 70 (l’instrument de Brian Eno, Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre) et au fil des albums, certains auditeurs de la free-music moins réceptif à l’électronique pourraient se lasser. Mais avec l’aide du piano électrique Fender Rhodes de Xavier Camarasa, sa démarche est entièrement renouvelée.
C’est évident dans « Profondément caché » (24’47), un duo hanté et un brin chahuteur enregistré au Caméléon de Toulouse et dont la cohérence étonne vu les répertoires sonores et la démarche divergente des deux improvisateurs.
Le deuxième morceau capté dans ce lieu nous fait entendre aussi le mystérieux saxophoniste basse Marc Maffiolo, Milieu de nuit (16’03’’). Sa participation et ses effets de souffle ajoutent encore plus de mystère et de recherche sonore complétant merveilleusement l’excellente démonstration de l’improvisation différente. Il faut noter que J-MF utilise sa voix « dans le lointain ». Ça bourdonne, plane, s’envole, grésille, oscille, crache, tournoie, sursaute ; les sons s’enhardissent, entrecroisent leurs destins, saturent, meuglent dans la nuit… avec parfois des ostinatos bruissants et obsessionnels jusqu’au trop plein… dérapages gras dans d’épaisses flaques d’huiles cosmiques qui giclent dans l’espace multicolore avec des effets de bruitages - effets sonores de cinéma aux prises d’un scénario sci-fi embourbé. Le sax basse morsure et hulule dans les tréfonds. Les trouvailles sonores électroniques se suivent sans se ressembler.
La veille, le 26 juin 2023 à l’Impromptu à Bordeaux, les 32’49’’ de Passage Découvert s’initient avec des doigtés perlés au clavier du piano et des voix de fantômes. Le jeu du pianiste gire imperturbablement alors que J-MF, encore une fois, sort de nouvelles idées de son sac à malices. Le dialogue s’établit, des oiseaux imaginaires sifflent par-dessus nos têtes et on est parti pour une belle aventure. Des sons de marimba cosmique, des contrepoints lunatiques, les rebondissements au clavier… la musique tournoie, giration effrénée, polyphonie d’un troisième type, l’improvisation s’inscrit dans la durée pour en effacer le ressenti du temps, rapide, svelte et immobile. Les sonorités évoluent, les sifflements renouvellent leurs dynamiques, leurs densités et leurs textures, le synthé vocalise… et on n’est qu’au tiers du voyage…
Au-delà des « Tangerine » rêvés, le goût acide et maudit des fruits défendus et un constant renouvellement sonore, formel qui rend cette musique attrayante sans lassitude aucune.
Super album dépaysant ! Quelle équipe !


J-M. Van Schouwburg

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CAMARASA/FOUSSAT/MAFFIOLO
SEUIL DE FEU
FOU RECORDS, CD - 2024

Membre du trio MILES­ DAVISQUINTET!  qui, formé  avec  Sylvain Darrifourcq  à  la  batterie et Valentin Ceccaldi au vio- loncelle et existant aussi en version augmentée

jusqu'au sextet, n'a rien à voir avec la musique du trompettiste, Xavier Camarasa s'emploie à brouiller le son du Fender Rhodes et du piano préparé dans de nombreux contextes : Haxan, Moby Duck, el Aleph, La pluie jaune, El Memorioso etc.
Après Dans les courbes en 2017, Seuil de feu vient compléter son travail en duo avec Jean-Marc Fous­ sat (synthé AKS, voix, jouets). Les 24 minutes et 27 secondes de « Profondément caché » vont vers une fusion du Fender Rhodes et du synthé, en un maelstrom où les effets de grondement du synthé vintage, nourris de bips de science-fiction et dou­ blés d'une voix sépulcrale, se taillent la part du lion. Le poème de René Char reproduit sur la po­ chette sied bien à cette orientation : « J'étais dans une de ces forêts où le soleil n'a pas accès mais où la nuit les étoiles pénètrent ... ». Avec des couleurs différentes au début, amenée s par le piano acous­ tique, les 32 minutes 42 secondes de « Passage dé­ couvert », également enregistrées en concert, vont dans le même sens, tandis que sur les 16 minutes 3 secondes intermédiaires de « Milieu de nuit », le saxophone basse de Marc Maffiolo (qui fut d 'abord luthier, puis membre de La Forge de François Rau­ lin) ajoute des coup s de bec et des souffles, jusqu'à ce que sur un motif soudainement répété par les deux autres, la musique prenne brièvement une al­ lure de rock progressif à la Soft Machine.

Claude COLPAERT
Revue & Corrigée n° 141

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